Apple Cove, c'est une si jolie ville, elle était douce, paisible, il y avait tellement de joie de vivre mais ça c'était avant, parce que maintenant, c'est tout le contraire. Quand tu es née, elle respirait la joie de vivre, et tes parents t'aimaient, t'adoraient, si bien qu'ils t'ont fait deux petites soeurs supplémentaires à trois d'intervalles, donc en 1993 et une autre 1996. La petite famille a donc évolué à Apple Cove. Toi, Sofia, t'es devenue la manuelle des trois. La seconde, c'est devenue la cérébrale, celle qui arrive à te déchiffrer les énigmes en deux deux, et la petite dernière c'est devenue la geek par excellence. Vous avez toutes une spécialité. Alors toi, t'as choisi un métier manuel, au départ t'était partie vers l'alimentaire, un truc comme bouchère, mais finalement, c'est le bois qui t'a attiré alors t'es allée dans la direction de l'ébénisterie. Ouais, c'est sympa, le bois c'est cool, c'est dingue tout ce qu'on peut faire avec ça d'ailleurs. C'est comme ça que tu as rencontré ton mari. Bah ouais, même âge, même classe, même passion, enfin, à cette époque, c'était juste un bon pote, rien de plus. Et puis, finalement, vous vous êtes revus ensuite, et ça a fonctionné. Tu le soupçonnes de t'avoir aimé bien avant, mais il a pris son temps, au risque de te voir filer avec un autre. Mais ce jour là, il a sorti le grand jeu, alors t'as accepté de sortir avec lui, et finalement, vous aviez 23 ans, vous vous êtes mariés. La belle vie et tout, enfin, à priori.

On va faire un autre paragraphe, c'est bien les paragraphes. Du coup, au départ, c'était tout beau, c'était parfait ou presque. Tu venais de te marier, c'est là qu'on a découvert des troubles apparemment bipolaires à ta mère, des chances que ça soit héréditaire et tout. Bon, ça change pas ta vie, mais voilà, ça ne t'enchante pas trop. Elle ne prends pas ses médicaments, tente de tuer ton père. Plus de peur que de mal, c'est alors que des souvenirs te reviennent en tête, te concernant. Quand tu étais gamine, t'avait tuer le lapin bélier des voisins et tu l'avais enterré dans le jardin, t'avais quoi 5 ou 6 ans. Et tu avais aimé ça. Ce souvenir venait d'émerger dans ta mémoire, comme ça, comme la lente descente aux enfers qui se propageait devant tes yeux. Ainsi, avec ton mari, après deux ans de mariage, tu tombes enceinte, un petit garçon montre le bout de son nez et c'est là que ton esprit se détraque définitivement, comme si cette naissance t'avait modifiée en profondeur, comme si tout le système venait d'être rebouté. Outre un baby blues profond, tu commences à avoir des envies que tu juges toi même de bizarre. Tu essayes de les ignorer, mais plus le temps passe, plus ses envies sont présentes, des envies morbides pour la plupart. Et puis c'est le drame, le meurtre de ce petit. Est ce que tu aurais pu faire ça ? Tu t'en sens capable, clairement. Depuis des années, tu as pris l'habitude de faire ta balade nocturne après que le petit se soit endormi. Si jamais il se réveille, il y a son père de toute façon. Ainsi, tu te promène, jusqu'à ce terrain qui appartient à ton oncle sur lequel, il y a un petit cabanon, où tu fabriques de petits cercueils depuis depuis ... longtemps, au moins depuis la naissance du petit voilà donc cinq années. Qu'est ce que tu pourrais bien faire de tout ça ? Consciemment tu ne sais pas, du moins tu te le caches à toi-même, mais en vérité, tu sais très bien ce qui va se passer. Tu vas commencer par ce vieil homme qui n'a jamais de visite dans la maison presque voisine, à deux pâtés de maison de la votre. Quand tu te promène en rentrant du boulot, tu vois sa solitude. Tu t'es fait un ami, tu lui apportes des donuts, il aime bien ça, tu as appris à le connaître, un peu, sa femme est morte en même temps que ton fils est venu au monde. Il n'avait pas d'enfant, son frère vivait en Belgique, à la frontière avec les Pays-Bas, et c'est tout, pas plus de famille que ça. Il ne manquerait à personne. Ainsi, te montrant discrète, malgré le couvre-feu, tu joues des ombres pour te rendre dans ton petit cabanon. Ta peur du danger est inexistante, comme si elle avait été oubliée dans les limbes de ton esprit. Il y a un tueur qui rôde, mais ne serait-il pas docile par rapport à ce que tu es vraiment Sofia ?